Pourquoi ? Pourquoi est-ce que c'est arrivé à moi et pas à un autre ? Pourquoi est-ce qu'un enfant de six ans perdait ses parents ? Pourquoi est-ce qu'il s'étaient retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment ? J'avais tellement de questions en tête, mais je ne pouvais penser qu'au fait que je ne les reverrais plus jamais et à la peine que j'éprouvais. Je pleurais. Je ne pouvais pas m'arrêter, c'était impossible. Je me souvenais de ma mère qui m'embrassait le front avant que je m'endorme et de mon père qui me prenait sur ses épaules lors du dernier match de Baseball. Mon frère est assis à côté de moi et on voit qu'il se force à ne pas pleurer. Il est fort mon frère, moi je n'arrive pas à m'en empêcher. "
Voilà toute l'histoire. Ne vous en faites pas, nous retrouverons cet homme qui les a tué le plus vite possible. Encore toutes mes condoléances. " Comme si ça ramènerait nos parents. Je voyais les points de mon frère se serrer de rage. Voilà comment il se retenait. Je glissais ma petite main près de la sienne et la serrait pour le calmer, mais aussi pour le réconforter. Désormais, il n'y aurait plus que lui et moi. Nous partons de ce bureau qui sent mauvais pour retourner dans notre maison. Je sens le parfum de maman et sens les larmes couler à nouveau. Mon frère se penche devant moi et tente de me sourire d'un air rassurant. "
T'en fais pas Dylan, on s'en sortira. Je te le promets. " J'hoche de la tête alors que mes larmes continuent de couler puis, je passe mes bras autour du cou de Noah et niche ma tête contre sa nuque. Il est le seul qu'il me reste désormais et je ne veux surtout pas le perdre. Mais surtout, nous partageons la même souffrance à ce moment précis. Il hésite un instant puis me serre contre lui et je l'entends alors sangloter. Finalement, il n'a pas pu se retenir jusqu'au bout. "
Ça ira Dydy, ça ira... On... On s'en sortira et... Tout ira bien... " Il avait plus l'air de vouloir se rassurer lui-même plutôt que moi. Mais je le croyais évidemment. J'étais persuadé que tout irait bien, mais pourtant, lui comme moi aurons à jamais cette blessure dans notre cœur. "
Je... Je voudrais les revoir... Juste une dernière fois... " Mes sanglots entrecoupés mes phrases, mais je m'en fichais. Rien n'avait d'importance à ce moment. "
Moi aussi Dylan... Moi aussi... " Et nous sommes restés ainsi un bon moment jusqu'à ce que nos larmes cessent finalement. Bien entendu, elles ne sont pas parties définitivement. Les gens ne sont pas éternels, la peine, quant à elle, l'est en revanche.
J'entends la porte d'entrée se fermer. "
Je suis rentré ! " Vêtu de mon fameux tablier, je couvre ma casserole avant de sortir de la cuisine pour me trouver face à Noah. J'arbore un faux air vexé, les mains sur mes hanches. "
Bah enfin ! Tu serais pas un petit peu en retard par hasard ? " Il sourit d'un air amusé avant d'entrer dans la cuisine et de s'affaler sur une chaise. Je ne pouvais m'empêcher d'être content chaque fois que je le voyais entrer à la maison. Il était Shérif, un métier dangereux et j'avais toujours peur qu'un jour il ne rentre plus. Je n'avais plus que lui et il était hors de question que je le perde aussi. Noah est mon frère, même si c'est plus un père à mes yeux, mais il est ma seule famille et celui qui compte le plus. Je retourne m'occuper de mes plats tandis me raconte sa journée. Je me retourne finalement vers lui pour l'écouter et je ne vois même pas le temps passer. "
Dis, ça sentirais pas le cramé là ? " Je me retourne et soupir en constatant que mon plat a noirci. Je n'ai jamais été doué en cuisine, même si j'ai toujours fais des efforts. Noah rigole et je lui tire la langue avant d'aller cherches quelques ingrédients dans le frigo et du pain de mie. "
Tant pis alors, ce sera sandwich pour ce soir ! " Ça n'a pas l'air de le déranger. Je me fais mon sandwich et repense à certaines choses. Je suis sûr qu'il me cache des choses. J'ai remarqué récemment ces groupes de gens qui se fusillaient du regard. La dernière fois, quand je suis sorti en ville, j'avais entendu ces drôles de bruit aussi. D'ailleurs, je m'étais fait sacrément grondé puisque j'étais interdit de sortie la nuit. Bref, quelque chose clochait dans cette ville, j'en étais persuadé. Je n'arrivais juste pas à savoir quoi. Et, après tout, je suis bien placé pour savoir que quelque chose cloche. Je suis aussi coupable que lui avec tout ce que je lui cache. Mais comment il réagirait par rapport à Erwan ? Et pire encore, comment il réagirait par rapport à cet espèce de... pouvoir que je viens de découvrir ? Non, je ne peux pas lui dire...
C'est bien la première fois que je fais ça. Bah, j'ai quoi à perdre de toute façon ? Allez Dydy ! Je prends mon courage à deux mains et entre dans le bar. Non, ne vous moquez pas, vous ne savez pas ce que c'est d'aller dans un bar tout seul pour la première fois. Bien entendu, on entendait les gens parler fort, rire et tout ce genre de choses. Je m'installe au bar, silencieux et un air gêné. "
Tiens, Dylan ! T'es pas avec Noah pour une fois ? Bon, qu'est-ce que tu prendras ? " J'étais déjà venu plusieurs fois avec mon frère. Je commandais un soda puisque comme le barman me connaissait, il ne me laisserait jamais boire plus. Il pose le verre devant moi et je le remercie d'un signe de tête avant d'observer un peu les gens autour de moi. Mais mes yeux se posent et restent fixés sur une une personne. Un homme, plutôt grand et beau comme un Dieu. Bon, il me dit quelque chose, mais ce n'est pas pour ça que je reste fixé sur lui. Il est tellement beau et séduisant... Je sens mon cœur s'emballer. C'est ça qu'on appelle un coup de foudre ? Mais c'est complètement stupide ! Déjà, je ne le connais pas et puis je ne pense pas du tout être son genre de personne. Je me dis qu'il doit préférer quelqu'un avec plus de sein. Et même si ce n'était le cas, il n'aurait aucun mal à se trouver quelqu'un de bien plus beau que moi. Je soupire et me retourne. Mais je sens quelque chose. Je me retourne à nouveau et je me surprends à croiser ses yeux. Ils sont magnifiques et tellement... intriguant. J'ai l'impression qu'il lit en moi et qu'il tente de cerner la moindre de mes faiblesses. Je sens mes joues chauffer un peu et je me retourne en vitesse, complètement gêné. Je me dépêche de finir ma boisson, donne les sous au barman et sors rapidement du bar. Pourquoi j'ai réagis comme ça ? Et pourquoi je sens mon cœur battre si vite ? Je passe dans la ruelle d'à côté et soudain, je me sens plaqué contre le mur. Je commence à avoir peur, mais j'aperçois ces deux yeux qui font battre mon cœur à une allure anormale. "
Qu'est-ce que... " Je n'ai pas le temps de finir, il a attrapé mes lèvres et est en train de m'embrasser. J'écarquille de grands yeux et reste complètement stupide face à la surprise. Que... Il glisse un papier dans ma main et me lance un sourire ravageur avant de repartir aussi vite qu'il est arrivé. J'ai le souffle coupé, les joues rougies et mon cœur va bientôt atteindre des records. Aucun doute, je suis amoureux.
Quel idée franchement. Tout le monde sait qu'il ne faut pas se promener dans la forêt. J'ai un peu peur d'ailleurs, mais que ne ferais-je pas pour lui. J'entends du bruit derrière moi, mais je ne vois rien en me retournant "
Erwan ? C'est toi ? " Aucune réponse. J'avance encore un peu et d'un coup, je me sens plaqué contre un arbre. Je souris d'un air amusé en le voyant, mais mime une fausse expression vexée. "
Tu sais que j'aimes pas quand tu fais ça ! " En fait, j'adorais. Enfin, j'adorais tout ce qu'il me faisait. Il me sourit d'un air amusé à son tour avant de s'emparer de mes lèvres et de m'embrasser avec toujours la même passion. Ce gars me rend complètement dingue, mais dans tous les sens du terme. Il casse notre baiser et m'observe de haut en bas comme s'il allait me dévorer. "
T'en as mis du temps, ça fait un moment que je t'attends hein. " "
Désolé, c'est mon frère... " Il était au courant que j'avais un frère et que c'était le shérif. Mais il avait déjà dû le croiser puisque Erwan était un célèbre avocat. Il commence à faire glisser ses mains sous mon t-shirt et j'aurais voulu le laisser faire, mais je ne pouvais pas me laisser faire comme ça. "
Quand est-ce qu'on parlera de... nous ? " Douche froide. Il retira aussitôt ses mains et s'éloigna légèrement avec un air blasé. " Quel nous ? Je ne vois pas de quoi on pourrait parler. " J'en avais marre qu'il joue comme ça avec moi. Un coup il avait envie de me dévorer et le coup d'après, il me rejetait tout simplement. Je n'en pouvais plus et l'amour m'aveuglait pour le moment. Mais petit à petit, je sentais que je ne resterais pas sans rien dire bien longtemps. "
Ça fait trois semaines qu'on se voit comme ça, mais chaque fois on s'embrasse et puis tu t'en vas. Qu'est-ce que je suis pour toi ? Un jouet ? Parce que pour moi, tu es bien plus que ça. " Et il le savait. Il savait ce pouvoir qu'il avait sur moi et mon cœur. Il m'embrassa pour me faire taire et envoya balader toutes mes tentatives de rébellion. "
On se voit demain, à plus. " Je l'observe partir, frustré, en colère, mais le cœur qui bat fort. Pourquoi je suis amoureux d'un mec comme ça ? Est-ce que je n'aurais jamais de retour ? J'ai toujours l'espoir qu'un jour, il me dira ces mots que j'attends...
U.C.